Discours du Président SAMBI
Révision Constitutionnelle:
Le Président de la République s’est adressé à la Nation hier soir.
Voici l'intégralité de son discours selon la transcription de Beit-Salam.
Discours à la Nation de Son Excellence
MonsieurAHMED ABDALLAH MOHAMED SAMBI, Président de l’Union des Comores
Après les louanges à Allah et les salutations au Prophète, à sa famille et à ses compagnons ;
le Président de la République s’est adressé à la Nation en ces termes :
Honorables Comoriennes et comoriens, de l’Intérieur du pays et de la
diaspora : que Dieu vous protège.
Comme je vous l’ai promis, je voudrais vous entretenir aujourd’hui d’un sujet
important qui concerne aussi bien l’avenir de notre pays que son présent.
Je souhaiterais auparavant, vous rappeler une chose que vous ne devez jamais perdre de
vue : lorsque vous m’avez élu, vous m’avez donné la mission de rechercher et de préserver
les intérêts du pays et, comme le médecin, trouver les remèdes adéquats contre les maux qui
frappent notre pays.
Comme j’ai eu l’occasion de l’évoquer à plusieurs reprises dans mes discours, notamment
après la libération de l’Ile d’Anjouan, j’ai fait le constat du dysfonctionnement de nos
institutions et des conflits de compétences qui opposent en permanence, le Président de
l’Union à ceux des îles autonomes.
Comme mon prédécesseur qui ne parvenait pas à s’entendre avec les présidents des îles,
l’incompréhension s’est installée entre moi et les autorités insulaires.
J’avais espéré trouver une meilleure issue mais j’ai fini par comprendre que ces conflits
n’étaient pas dus aux personnes mais à la nature séparatiste de certaines dispositions de
notre constitution.
Quand j’ai acquis la conviction que ces conflits persisteront tant que les racines du
séparatisme ne seront pas arrachées de ce pays, j’ai alors jugé indispensable de faire
réviser cette constitution, du moment que notre texte fondamentale, approuvé par le peuple,
m’en donne le droit.
J’estime en effet que la révision de notre constitution qui instaure quatre Gouvernements,
quatre parlements et quatre constitutions, demeure une des solutions à apporter aux problèmes
de notre pays capable de le faire progresser. C’est pourquoi j’ai pris l’initiative de demander
aux Comoriens, par la voie du référendum, la révision de notre constitution.
La multiplicité des scrutins constitue par ailleurs une source de grandes dépenses d’énergie
et d’argent, qui pourraient être utilisés à meilleur escient, dans les domaines cruciaux de
l’eau, de l’électricité, de l’éducation ou de la santé.
En effet, alors que j’ai été élu en 2006, les Présidents des îles de Ngazidja et de Mwali
ont été élus à leur tour en 2007 et celui de Ndzouani l’a été en 2008. Les élections
législatives devront avoir lieu en 2009 et en 2010, à nouveau, l’élection du Président de
l’Union. Si nous devons revenir aux élections des présidents de Ngazidja et de Mwali en
2012, à celles du Président de Ndzouani en 2013 pour revenir aux présidentielles de l’Union
en 2010, je comprends comme tout homme doué d’intelligence peut s’en rend compte, au vu de
ce calendrier, qu’il y a en perspectives de nombreuses occasion de divisions dans notre pays.
J’ai alors pris l’initiative de la révision de certaines dispositions de notre Loi
fondamentale comme celle-ci m’y autorise.
En effet, nous sommes en démocratie où c’est le peuple qui choisit ses gouvernants et
exerce sa souveraineté par la voie du référendum ou par l’intermédiaire de ses
représentants.
Permettez-moi de vous faire lecture de l’article 3 de la constitution ; je cite «
La souveraineté appartient au peuple qui l’exerce, dans chaque île et dans l’ensemble
de l’Union, par ses représentants élus ou par la voie du référendum. Aucun groupement
ni aucun individu ne peut s’en attribuer l’exercice »
L’article 37 stipule par ailleurs, je cite : « l’initiative de la révision de la Constitution
appartient concurremment au Président de l’Union et au moins un tiers des membres de
l’Assemblée de l’Union. Pour être adopté, le projet ou la proposition de révision doit être
approuvé par les deux tiers du nombre total des membres de l’Assemblée de l’Union ainsi que
par les deux tiers du nombre total des membres des Assemblées des Iles ou par référendum... »
C’est le pouvoir du peuple, par le peuple et pour le peuple. Personne d’autre, fut-il
président ou Chef de l’Etat ne peut s’attribuer cette souveraineté, à cette différence prêt,
que le Président de l’Union ou le tiers de l’Assemblée de l’Union ont seuls l’initiative de
la révision. Mais la décision de son adoption n’appartient qu’au peuple s’il le décide en
majorité par la voie du référendum ou par les deux tiers du congrès des assemblées qui le
représentent.
Ainsi, c’est en me basant sur la Constitution que je vous demande officiellement aujourd’hui
cette révision, conformément aux articles 3 et 37 qui donnent toute sa légalité à mon initiative.
Mais comme vous le savez, depuis que j’ai annoncé cette initiative, beaucoup de
choses ont été dites.
Pour ma part, j’ai pris le soin de publier un avant-projet, par respect pour les citoyens
comoriens et, comme vous en avez été témoins, j’ai fait appel aux présidents des îles en premier.
J’ai ensuite appelé toute la population pour recueillir les avis de tous. Le dialogue
inter-comorien, appuyé par la communauté internationale, a enfin émis de nombreuses propositions.
Avant de boucler le projet à soumettre au référendum, j’ai à nouveau convié les présidents
des îles pour recueillir leurs avis en vue d’un consensus et afin de préserver la paix et
le calme dans le pays. Je leur ai ainsi donné l’occasion de me soumettre leurs propositions.
J’ai enfin souhaité les rencontrer une autre fois à Beit-Salam, en présence des deux Vice-présidents,
après lecture du communiqué qu’ils ont publié à l’issue de leur rencontre d’Anjouan.
Permettez-moi de vous faire l’écho de nos entretiens. Le Président Moussa Toyb a expliqué
qu’il souhaitait aller jusqu’au bout de son mandat, en 2013 et proposé que les autres mandats
soient prorogés jusqu’à cette date. Le Président Mohamed Ali Said tout en affirmant sa volonté
de terminer son mandat, rejetait, quant à lui, toute prolongation de mandat du Président de l’Union.
Le Président Abdouloihabi souhaitait pour sa part terminer son mandat. Il a néanmoins proposé
que la question de l’harmonisation des mandats soit discutée et tranchée par les députés.
Le Président de Mwali a alors accepté l’idée de soumettre le calendrier des élections au
congrès des députés.
S’adressant au Président Moussa Toybou, pour lui demander s’il consentirait à écourter son
mandat, le Président de Mwali a eu cette réponse : « dans l’intérêt du pays, je suis prêt
à sacrifier un an de mon mandat pour que les élections puissent avoir lieu en 2012 ».
Le Vice-président a alors avancé comme date des élections, fin 2011 avec prise de fonction
des présidents, début 2012.
En résumé, j’ai senti qu’un compromis était trouvé sur la nécessité de réviser certaines
dispositions de la constitution et pour harmoniser les mandats. Il ne restait plus qu’à
retenir une date pour la tenue des élections.
Il était convenu au cours de cette rencontre que les présidents des îles allaient se
retrouver mais malheureusement, samedi, c’est un constat d’échec des discussions qui a été
annoncé.
J’ai alors estimé qu’il était temps que je tire les conclusions, en vertu des pouvoirs que
vous m’avez conférés.
Entre-temps, j’ai reçu ce matin, une correspondance signée par les Président de Ngazidja et
le Président de Ngazidja m’annonçant qu’ils étaient disposés à harmoniser leurs mandats au
mien pour que l’élection du Président de l’Union puisse avoir lieu en 2010.
J’aurais aimé qu’il accepte la proposition faite mais force est de constater que le
consensus entre les Présidents des îles, que j’ai appelé de mes tous vœux, n’a pas été ainsi
trouvé.
Il me revient alors de décider, en tenant compte de l’intérêt supérieur de la Nation.
Je vous informe ainsi que j’ai retenu la date du 17 mai 2009 pour la tenue du référendum de
révision de notre constitution, la campagne référendaire devant se dérouler du
26 avril au 15 mai.
Chaque comorien pourra se prononcer en toute conscience par oui ou par non sur les
propositions qui lui seront soumises.
Sur les points de divergences, j’ai décidé, après réflexion et consultation, de soumettre
la question de l’harmonisation aux députés qui seront élus par la suite, à en fixer la date.
Cela respecte la volonté des uns et des autres.
Pour ma part, je ne souhaite aucunement prolonger mon mandat et je ne souhaite pas qu’une
question de date divise la Nation.
A ceux qui ne sont pas pour cette révision, je leur demande pourquoi ils veulent me priver
de mon droit d’initiative. Pourquoi voudraient-ils imposer une autre voie que celle de la
démocratie ? Je demande ainsi, à ceux qui s’opposent à ces changements, de les refuser non
par les menaces et les intimidations qui seraient un fâcheux précédent mais par les voies
démocratiques.
Comoriennes et Comoriens, nous avons rendez-vous avec notre Histoire. Notre pays a aujourd’hui
besoin de paix et de calme, conditions essentielles de notre développement car favorables
aux investissements.
Aucune personne, aucune autorité, aucun parti et aucun groupement ne peut s’arroger le droit
de nous imposer sa volonté au détriment de la volonté de la majorité de notre peuple qui seule,
fera la Loi et décidera de la révision constitutionnelle.
Ce n’est pas le propriétaire d’une radio ou d’une télévision qui doit imposer ses volontés
au peuple.
Pour leur part, les élus du peuple qui, à l’heure actuelle, nous sont inconnus, seront appelés
le moment venu, à trancher sur la question de l’harmonisation des mandat et du calendrier des
élections, afin d’éviter les querelles et les divisions entre les îles et au sein de toute
la Nation.
Je félicite nos frères Abdouloihabi et Ali Said pour leur adhésion à une harmonisation des élections
en 2010. J’aurais souhaité que le Frère Moussa Toybou se joigne à eux. Toutefois l’absence de consensus
m’oblige à trancher.
Je souhaite que personne n’ait recourt aux intimidations et aux menaces et que seule la démocratie et
la volonté du peuple appelé à trancher, prévalent.
Les changements doivent intervenir suivant les voies démocratiques.
Pour terminer, j’exprime ma sympathie à tous ceux qui sont victimes des dégâts dus aux intempéries
en espérant pouvoir, avec l’aide de Dieu, les venir en aide.
Comoriennes et comoriens,
Votre destin est entre vos mains. Le 17 mai c’est la majorité d’entre vous qui décidera. Par la suite
les élus nationaux et insulaires décideront de la date des élections.
Je vous remercie.